Je documente mon repositionnement
Ceci est un article extrêmement personnel, mais j’ai choisi de le rendre public sur mon site, parce que cela va induire énormément de changement dans tous mes outils de communication, alors je souhaitais vous avertir, en toute transparence.
Je suis aussi convaincue que partager mon expérience personnelle pourra aider certains à franchir ce difficile pas qu’est le repositionnement. Vous n’êtes pas seuls, en tant qu’entrepreneurs, nous passons tous par là. Je trouve ça important de ne pas montrer uniquement le positif, mais également les obstacles auxquels nous sommes tous confrontés en réalité.
Allez, on respire un bon coup et on essaie de prendre un peu de recul sur la situation.
Crédit photo : Photo de Nick Fewings – Unsplash
Pourquoi ce repositionnement ?
Bilan de ma première année
C’est difficile pour moi de l’avouer, mais il faut se rendre à l’évidence. D’un point de vue comptable, c’est la catastrophe totale ! “Comment ça ? me direz-vous. Ton portfolio est très complet ! Tu as dû charbonner !” Alors oui, je n’ai fait que ça, charbonner, mais de façon rémunérée, non.
Tous mes projets non rémunérés
Quand je me suis lancée dans l’aventure Lap Lab, j’avais cruellement besoin de faire mes preuves. Cela faisait quatre ans que je n’avais pas remis les pieds dans une agence de communication. Je n’ai jamais cessé de créer, mais je n’avais rien à montrer de pertinent dans mon portfolio.
Tous les projets que j’ai accompli en agence ne représentaient plus ma vision, en quatre années, beaucoup de choses ont changé dans ma vie, j’avais la sensation d’avoir évolué et j’éprouvais l’envie de le faire savoir. J’avais sans doute besoin aussi de me prouver que j’étais capable de faire beaucoup mieux.
Il fallait que je m’exerce. Mais en partant de zéro avec un portefeuille client vide, impossible. J’ai donc eu quelques idées pour pallier ça.
• J’ai offert des prestations en cadeau
Lorsque j’ai travaillé sur mes personas (traduction : mes clients idéaux) j’ai eu une idée. J’ai sélectionné trois structures qui correspondaient à ma cible et j’ai retravaillé de fond en comble leur identité visuelle. Ensuite, je les ai contactées par mail avec mon travail sous le bras en leur expliquant que je leur offrais de bon cœur cette première piste ainsi que les modifications à venir.
Deux furent enthousiastes, mais malheureusement, ces travaux n’ont pas encore réussi à voir le jour. Preuve que la demande a été un peu forcée. C’est la première chose que j’ai accomplie pour m’exercer, mais je n’ai pas réitéré l’expérience.
• J’ai travaillé sur des projets fictifs
Comme mon cerveau était rempli d’un milliard d’idées, je me suis dit “qu’à cela ne tienne, je vais travailler sur des projets fictifs !” J’ai donc inventé des concepts d’entreprise, je leur ai donné un petit nom, défini un logo, une charte, un univers, une personnalité et des contenus associés.
Non seulement c’était extrêmement drôle à réaliser (mention spéciale au coach crossfit nommé Jimmy Jerkins, inventé de toutes pièces), mais c’est aussi de cette manière que j’ai rempli la quasi totalité de mon portfolio.
Bref, c’est un exercice que je recommande à toute personne qui souhaite se lancer dans ce domaine, à condition que vous soyez totalement transparent sur cette démarche. Le but n’est pas de tromper vos futurs clients, simplement de vous entraîner en vous amusant.
• J’ai travaillé pour des proches
• J’ai fait énormément de bénévolat
• Vous commencez à comprendre le problème
Et les projets rémunérés alors ?
• Bilan comptable
Rien que pour vous donner une petite idée de ce que cela représente au niveau comptable :
- Total des sommes devisées dans l’année : 23 006,03 € HT soit 27 607,26€ TTC
- Total des sommes facturées dans l’année : 183,33€ HT soit 220€ TTC
C’en est presque drôle ! Et encore, il y a énormément de projets que je n’ai même pas pu deviser ! Le taux de réussite est ridiculement faible, il y a clairement un problème dans ma façon de procéder. Et pour arranger ce problème, encore faut-il parvenir à l’identifier.
• Liste des motifs de refus de devis
01 - Manque d’expérience en stratégie de communication
“J’ai besoin pour ce projet d’une personne réellement spécialisée en stratégie de communication pour mettre toutes les chances de mon côté” (retranscription orale)
“Votre étude de cas est vraiment notre préférée, mais nous avons choisi une personne qui a davantage d’expérience en matière de stratégie” (retranscription orale)
J’ai entendu deux fois cet argument. La première fois pour une mission purement stratégique, puis une seconde fois pour une mission de chargée de communication comprenant 80% de graphisme, mon cœur de métier.
02 - Manque d'expérience en implémentation de site web
“Bonjour Sarah, Je vous remercie pour votre retour. Nous avons eu de nombreuses demandes, et malheureusement, nous avons sélectionné d’autres prestataires pour la suite des évènements.
Notre choix s’est tourné vers des prestataires ayant une expérience importante dans l’implémentation de nouveaux sites web, et certain·es concurrent·es étaient plus spécialisé·es dans cette branche.
Je vous remercie pour votre email et vous souhaite une belle fin de journée, Cordialement,”
Initialement, j’avais postulé pour un projet de branding et de déclinaison print/web. Comme quoi, les attentes des clients peuvent évoluer très rapidement. Surtout s’ils tombent sur un partenaire de niche qui connaît extrêmement bien leur milieu. Mieux vaut que je reste dans ma zone de confort.
03 - Manque de connaissance du domaine de la santé
“Bonjour Sarah, Merci pour votre proposition et l’intérêt que vous avez manifesté pour notre projet.
Après avoir étudié les 4 propositions commerciales que nous avons reçues, *BIP* a pris sa décision aujourd’hui, et malheureusement le choix s’est porté sur une autre graphiste. Votre proposition était pertinente, mais nous avons préféré une graphiste qui a plusieurs expériences dans le domaine de la santé et une bonne compréhension des enjeux de *BIP*. Par ailleurs, son portfolio nous a confirmé que son univers graphique correspondait bien à nos attentes. Je vous remercie pour le temps que vous avez passé à préparer votre proposition, et je vous souhaite le meilleur pour la suite. Cordialement,“
C’est vraiment un retour anecdotique, mais il est tout de même tombé sur la table. Je pensais qu’avec mon BP de préparatrice en pharmacie et ma licence professionnelle CSHPSP obtenue à l’université de médecine Paris Descartes aurait suffit, mais visiblement cela n’a pas été le cas. Tout cela m’a rendue perplexe et donc je me suis beaucoup questionnée sur la qualité de mon portfolio.
04 - Prix trop élevé
“J’aurais tellement voulu me payer tes services, mais malheureusement je ne peux pas financièrement. Je suis obligée de tout faire moi-même.” (retranscription orale)
Ça c’est un retour que font généralement mes proches, maintenant que je ne peux plus travailler gratuitement. Courage à eux !
05 - Pas dans la bonne région
“Bonjoru Sarah ! Tu vas bien ? J’ai bien vu ton intérêt pour *BIP* mais il cherche une personne sur Lyon ou dans les environs. Il avait reçu 100 Candidatures donc je lui ai demandé s’il avait trouvé la bonne personne 🙂 Je vais donc attendre son retour pour voir si eventuellement quelqu’un pas à Lyon ca pourrait marcher”
Bon, je pensais que ça pouvait passer étant donné que je suis une habituée du travail à distance, mais pour certains, le présentiel reste une priorité. Je comprends, il vaut mieux que je cible des entreprises du coin.
06 - Noyée dans la masse
“J’ai bien vu ton intérêt sur la mission *BIP*, comme il y avait déjà plusieurs profils intéressés et que le client voulait en que 1 personne, j’ai fait par ordre d’arrivée. Une prochaine fois 🙂”
“Pour. lamission *BIP*, j’ai bien vu ton intérêt je suis déolsée il y avait déjà bcp de monde intéressé. J’essaie de te mettre en relation sur la prochaine”
Pas facile de se démarquer dans un flot de candidatures. Démarcher me donne toujours l’impression d’être un petit grain de sable dans l’univers. C’est un sentiment avec lequel il faut se sentir à l’aise lorsque l’on est entrepreneur. Même en sortant du lot, on y sera toujours confronté un jour ou l’autre.
07 - Arrivée trop tard
“Bonjour Sarah, Tu vas bien ? J’ai vu ton intérêt pour la mission *BIP* J’ai pris un peu d eretard sur cette mission mais je peux te mettre en relatino avec *BIP* si tu veux. A savoir qu’elle cherche aussi une alternance ou un stage”
“Merci *BIP* pour la mise en lien ! J’allais vous écrire justement 🙂 Bonjour Sarah,
Merci de votre message – si vous le permettez, je garde précieusement vos coordonnées et site internet pour une prochaine fois. Nous avons avancé dans notre recherche et allons avancer avec un prestataire pour les mois qui viennent, donc je n’ai plus ce besoin dans l’immédiat. Un grand merci à toutes les deux“
Bon, bah c’est pas de bol ! Rien à dire de plus.
08 - Pas de réponse
Alors ça, pour le coup, c’est de loin ce que j’ai le plus obtenu ! Pour la plupart, j’avoue que je n’ai pas osé relancer, par peur de déranger. Dans ma tête “pas de réponse = non”. Alors je passe à autre chose. Oui je sais, tous les coachs commerciaux me le diront : “Mé Sarah ! C’est pas bien ! Tu dis n’importe quoi, il faut relancer tes clients.” Je sais tout ça, mais pour ma défense, il arrive parfois que même en relançant, je n’obtienne pas de réponse. Dans ces cas-là, je classe tout de même le dossier comme “sans suite favorable”. Bref, j’ai encore beaucoup d’efforts à accomplir en matière de prospection…
09 - Que peut-on en tirer ?
Les problèmes de mon positionnement
Je me suis mise à la place de mes prospect et je me suis questionnée longuement. Au bout d’un moment j’ai réussi à identifier quelques points de friction.
Pour commencer, je dois me centrer sur mon cœur de métier, celui dans lequel j’ai le plus d’expérience. Parce que oui, de la “bouteille”, j’en ai. Il ne faut surtout pas que j’oublie mes 10 années d’expérience en graphisme, en direction artistique et en brand design. Actuellement, je propose trop d’offres sur mon site pour inspirer de la crédibilité. Comme dans un restaurant, si la carte est trop remplie, on se questionne sur la qualité des produits. Dans ma branche, comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs, c’est la même chose.
Cela provoque une sorte d’effet boule de neige. Mon démarchage n’est pas assez ciblé. Je m’éparpille trop. Je postule pour un grand nombre de missions différentes et mon profil ressemble à un patchwork désorganisé de compétences. Personne ne semble clairement comprendre en quoi consiste mon métier et cela nuit grandement à ma crédibilité.
Je vais donc travailler en priorité les points suivants :
- Me recentrer sur mes compétences en matière de création
- Déterminer un intitulé de métier clair, compréhensible de tous
- Abandonner la mention agence qui peut être confusante. Ce mot représentait pour moi beaucoup de choses, notamment l’aspect couteau suisse, mais il entre en dissonance avec la réalité de mon statut de freelance.
Au niveau des valeurs
Greenwashing non intentionnel de Lap Lab
- Le terme “éco-responsable” que j’emploi pour définir mes services ne veut strictement rien dire, on peut y mettre tout ce que l’on souhaite derrière.
- Je ne peux pas me revendiquer spécialiste en éco-conception numérique étant donné que je n’ai pas été certifiée par un organisme tiers. Même si j’accompli énormément d’effort au quotidien pour réduire mon impact environnemental, je ne souhaite plus m’auto-proclamer experte en la matière et ce par souci de transparence et de respect des bonnes pratiques.
- J’utilise à tout va des visuels ou des sons d’animaux, de végétaux et même des éoliennes alors que mon secteur reste extrêmement polluant. Cela peut paraître trompeur pour le grand public.
Suivre les bonnes pratiques
S’il y a bien des valeurs dans lesquelles je me reconnais entièrement, c’est celles de l’ARPP, de l’ADEME ou encore de l’INR. Je les cite fréquemment dans mes articles. J’aimerais continuer à effectuer une veille régulière des guides de bonnes pratiques qu’ils mettent à disposition du grand public et pourquoi pas passer quelques unes de leurs certifications.
Ils adoptent une démarche éthique au sens générique du terme. Non seulement environnementale, mais aussi sociale. Ils prônent l’honnêteté, la transparence, la loyauté envers son audience, la fiabilité des sources… Ils participent donc à une démarche citoyenne au sens large et c’est réellement ça qui me plait. C’est pour cette raison également que le terme “éco-responsable” n’est plus adapté à ma vision des choses.
Mise en place de mon repositionnement
Mon nouvel intitulé
Statut community manager
Grâce à ma certification d’expert en acquisition de trafic web et à mon expérience bénévole en tant que community manager, je sais que je peux revendiquer largement ce titre. D’après les nombreux témoignages que j’ai pu recueillir autour de ma sphère entrepreneuriale, la gestion des réseaux sociaux est jugée comme incontournable pour la croissance de leur entreprise, mais cela est très chronophage et énergivore. C’est une tâche que beaucoup de personnes aimeraient déléguer. Il y a donc une véritable demande pour cette offre.
C’est un statut qui me permettra de conserver cet aspect “couteau suisse” qui me plait tant. Je serais amenée à exploiter l’ensemble de mes compétences, à savoir le graphisme, le montage, la rédaction, la stratégie et la gestion de projet. Cela me permettra aussi d’avoir une vision périphérique du projet en mettant en place un véritable tunnel de conversion. Et surtout, c’est un domaine dans lequel j’ai la sensation d’apporter déjà une aide précieuse pour certains qui me suivent sur les réseaux, que ce soit dans la création de contenu ou la gestion d’une communauté.
Statut de brand designer
Le statut de graphiste spécialisé en branding est ce qui correspond le mieux à mon portfolio actuel. C’est indubitablement ce que je maîtrise le mieux et ce pour quoi j’ai le plus d’expérience. Avec mes 10 années dans ce domaine, je pense avoir acquis une certaine forme de crédibilité. D’ailleurs, les avis présents sur mon site, seuls éléments de réassurance, concernent du branding.
Même si la demande est moins importante pour cette offre, elle me permettra de garder une cohérence avec mon univers créatif et la réalité de mes compétences. Elle peut tout à fait être compatible avec l’offre de community management. Les besoins se croisent réguièrement à ce niveau-là. Les réseaux sociaux sont souvent les premiers supports de communication des petites entreprises qui ne peuvent pas se payer les services d’un développeur pour leur site web. Ils créent tous leurs contenus eux-mêmes sur Canva, mais ils aimeraient idéalement mettre en place une identité visuelle unique. C’est là que Lap Lab pourra intervenir.
En conservant ce statut de brand designer, je ne me fermerai pas au print, au contraire. Je pourrais de cette manière lui laisser la place qu’il mérite lorsque c’est nécessaire, sans être hors sujet.
Angle éthique
Pourquoi l’éthique ?
La définition de l’éthique est selon moi bien plus pertinent que celle de la responsabilité. Elle est établie par un consensus officiel et régie par des règles très claires qui font partie d’une déontologie.
Alors que derrière le mot responsabilité, on peut trouver de tout et n’importe quoi, derrière l’éthique, nous avons des choses bien définies par des groupes d’experts sans conflit d’intérêt. L’éthique a une dimension citoyenne bien plus forte à mon sens. Elle a une vision bien plus complète des problématiques sociales et environnementales.
Pourquoi l’angle ?
Tout simplement pour accorder une place proportionnée à cette démarche, selon les recommandations de l’ARPP et de l’ADEME. Sous forme d’angle, cela reste suffisant pour effectuer un véritable travail de sensibilisation. Je n’ai pas besoin d’en faire un élément identitaire fort.
Surtout que je ne veux pas me revendiquer experte en ce domaine, comme je l’ai expliqué précédemment. Je continuerai à appliquer toutes les bonnes pratiques que j’ai mises en place, mais tant que je ne serais pas certifiée par un organisme tiers, ce ne serait pas honnête de ma part d’en faire un élément identitaire fort. Je souhaite éviter à présent tout risque de washing.
Il faudra simplement dédier une section sur le site pour expliquer cette démarche plus en profondeur et renvoyer vers des sources fiables.
Refonte de mes offres
Le plus gros du travail sera certainement de mettre en place mes nouvelles offres. Par soucis de clarté et de transparence, j’aimerais afficher mon tarif journalier sur mes supports de communication. Je rajouterais différents exemples de prestation avec le temps passé sur chacune pour que le client puisse se projeter plus facilement en ayant une idée du prix de base. Cela me permettra aussi de passer plus de temps pour la prospection et moins pour les devis.
Je ne me fermerais absolument pas à d’autres demandes de prestation si elles sont en rapport avec mes compétences, simplement, je ne communiquerais plus autant dessus. Voyez le plus comme un “ah oui c’est vrai, je sais aussi faire ça” calé au détour d’une discussion.
Crédit photo : Photo de Brooke Cagle – Unsplash
Courage tu vas y arriver !
Merci beaucoup ! Je vais tout faire pour 😀